mardi 3 janvier 2012

L’environnement à la portée du diocèse

article paru dans le Courrier Français de Gironde du 23 décembre 2011

CHANTIERS DIOCÉSAINS
L’environnement à la portée du diocèse
Les quatre chantiers lancés par Mgr Ricard il y a maintenant trois ans se déclinent peu à peu dans les communautés paroissiales. Régulièrement, les équipes mises en place au niveau diocésain font le point sur l’avancée des travaux. Exemple avec le chantier Écologie.

Lorsque les quatre chantiers missionnaires ont été lancés par Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux, à la Saint-André 2009, chaque paroisse, chaque secteur, chaque communauté étaient invités à travailler particulièrement l’un d’entre eux. Éducation, Vie familiale, Environnement ou Solidarité, chacun a pu choisir le domaine dans lequel il était le plus à l’aise et s’y consacrer pleinement. Cela a donné des groupes de travail qui se retrouvent régulièrement pour partager et avancer ensemble.
Le chantier Environnement/Écologie a sensibilisé une trentaine de groupes dans le diocèse que l’équipe de pilotage (1) réunit une fois l’an. Au fur et à mesure, l’équipe de pilotage recueille les comptes-rendus des groupes en route dans le diocèse. « Ça part un peu dans tous les sens, constate le père Deprecq, également prieur du séminaire Saint-Joseph. On est là pour les aider, éventuellement les recadrer. » La deuxième rencontre des délégués avait lieu le 24 novembre dernier et, malgré deux propositions d’horaires, elle a peu mobilisé...

 L’avenir de l’ostréiculture
« En 2010, on se demandait où on allait, on était dans le brouillard, se souvient le délégué d’un groupe du Bassin d’Arcachon. On a alors défini des objectifs qu’on a atteint avec la rencontre de scientifiques. Nous nous sommes centrés sur l’écologie du
Bassin d’Arcachon, l’environnement écologique marin. Les ostréiculteurs ont participé, de même que le maire du Porge, qui est docteur en biologie. Nous avons organisé des expositions ; évoqué la faune, la flore, les prés salés ; nous avons exprimé nos inquiétudes face aux naissains et posé des questions sur l’avenir de la profession d’ostréiculteur... Toutes ces initiatives ont favorisé les rencontres, ont aidé la discussion.»
Et c’était bien le principe de ces chantiers : inciter les chrétiens à aller au devant  d’interlocuteurs variés, sur des thèmes pas spécifiquement religieux, respectant pleinement l’aspect missionnaire recherché par Mgr Ricard.
L’expérience des groupes qui se sont mis en marche avec l’écologie fait naître d’autres projets, plus ou moins liés entre eux mais dont le dénominateur commun pourrait être la rencontre et l’expression. C’est ainsi qu’un groupe a prévu de se retrouver une fois par mois pour évoquer les textes de la Bible en lien avec l’environnement et la Création. «Nous allons débuter avec Noé», explique le délégué. Il est question d’un parcours biblique en forêt pour les plus jeunes. Du côté des jeunes, les lycéens avaient pris ce thème pour leur marche pascale. Le Conseil presbytéral lui-même a participé à l’élan en évoquant le parc marin et l’environnement en général. Les collectivités réfléchissent à la question à travers l’Agenda 21. Un groupe voudrait organiser une grande fête de la création, «au moment de la Saint-François, en octobre».

L’eau, la vigne, la forêt et la mer
Dans les secteurs du Médoc, on a déjà organisé cette fête, autour de l’oecuménisme et de la création, en réponse directe à l’appel de Mgr Ricard et du père Ricaud (délégué diocésain à l’oecuménisme), en mai 2003, qui généra une rencontre annuelle jusqu’en 2009. La petite chapelle de Saint-Raphaël accueillait ainsi une centaine de personnes en septembre dernier, qui sont reparties chez elles avec le souhait de «condamner cet affairisme qui conduit au stress pour changer d’objectifs en visant non plus les biens terrestres mais en cherchant le Royaume de Dieu et la justice, précisait Jean-Pierre Ribaut (2), par ailleurs délégué régional de Pax Christi. Pays du vin, du maïs et de la forêt, sans oublier les côtes et l’océan ce pays peu peuplé n’est pas particulièrement tourné vers l’environnement et encore moins vers l’oecuménisme. Malgré ces conditions peu favorables, nous avons réussi à constituer un petit groupe comprenant des représentants des quatre confessions chrétiennes dans l’objectif de célébrer la création dans un climat de grande ouverture oecuménique.»
Le seul regret des participants était que, la nuit tombant vite en octobre, la rencontre a dû se terminer tôt...
Le mouvement Chrétiens en Monde rural (CMR) a mis deux équipes sur le chantier. « Nous nous sommes sentis concernés par le problème, explique l’un des délégués. Et une vingtaine de personnes ont réfléchi au sujet puis ont proposé à d’autres équipes le fruit de leurs rencontres. Aujourd’hui, ce sont une quarantaine de personnes qui sont en route. Nous sommes partis sur le principe de fonctionnement de l’Action catholique: voir, juger, agir. »
C’est ainsi que le groupe a choisi de démarrer avec la parabole du Bon Samaritain. « On s’est comparé à tous ces personnages et montré qu’on est responsable du massacre de notre environnement. Nous nous sommes posé des questions sur ce qu’on fait ou pas pour l’environnement, avec des choses faciles, comme économiser l’eau ou l’électricité, et des choses moins faciles, comme isoler sa maison. Dans nos équipes, la plupart des gens ont un jardin, nous avons donc mis en avant les efforts à faire pour éviter les produits nocifs. Mais les consommateurs sont aussi à éduquer. Trouver un ver dans un légume serait plutôt signe de qualité, par exemple... »

Des idées à développer
La réunion était également l’occasion de donner des idées de développement du thème, tels que Noël autrement, cette période étant un moment de gaspillage énorme, particulièrement en lumière. Un débat est prévu fin janvier à Tresses sur le thème de la culture. Il s’agira de se poser la question de l’utilité de toutes ces actions : des agriculteurs (bio ou non) argumenteront leurs pratiques. «Cela débouchera forcément sur la politique, avec un grand débat sur le thème: le bio peut-il nourrir la terre ?» L’équipe de pilotage est en lien avec des auteurs qui pourraient venir témoigner de leurs engagements au cours de conférences (Jean-Baptiste de Foucault et Jean-Claude Guillebaud). Les Assises chrétiennes de l’écologie ont eu lieu à la mi novembre à Saint-Étienne et ont rassemblé plus de 1.700 personnes, dont 300 jeunes. De nombreux intervenants (trop nombreux ?) ont permis des échanges très riches. Cette manifestation a pris place dans la ville et chaque participant a apprécié l’expérience.
«Il y a certaines choses qu’on ne peut pas faire tout seul, constate le père Deprecq. Par exemple, le tri sélectif dans les communes. Ce sont les municipalités ou les communautés de communes qui doivent agir. Les collectivités doivent prendre en charge le problème. L’écologie passe par des gestes concrets, par des attitudes à modifier. Par exemple, quand on fait les courses, avoir le geste écologique en regardant sur l’étiquette l’impact carbone d’un produit...» 
«Il s’agit en fait d’avoir un comportement écologique, c’est une question de réflexe, ajoute Jean-Pierre Ribaut. On peut agir en privilégiant des marques connues, en luttant contre tous les gaspillages...»
Marie-Paul FINOUX

(1) Le père Christian Alexandre (Pessac), Jean-Alain Pigearias (Pessac), Jean-Pierre Ribaut, le père Pierre Deprecq.
(2) Dans l’Aquitaine du 21 octobre 2011.


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