vendredi 12 novembre 2010

La création au coeur de l'exhortation apostolique de Benoit XVI sur la Parole de Dieu

"Si au centre de la Révélation divine se situe l’événement du Christ, on doit aussi reconnaître que la création elle-même, le liber naturae (le livre de la nature), fait aussi essentiellement partie de cette symphonie à plusieurs voix dans laquelle le Verbe unique s’exprime."


La création naît du Logos et porte de façon indélébile la marque de la Raison créatrice qui ordonne et guide. Les Psaumes chantent cette joyeuse certitude : « Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de sa bouche » (Ps 33, 6) ; et encore : « il parla, et ce qu’il dit exista ; il commanda, et ce qu’il dit survint » (Ps 33, 9). Toute la réalité exprime ce Mystère : « Les cieux proclament la
gloire de Dieu, le fi rmament raconte l’ouvrage de ses mains »
(Ps 19, 2). Par conséquent, c’est l’Écriture Sainte elle-même qui nous invite à connaître le Créateur en observant la création (cf. Ps 13, 5 ; Rm 1, 19-20).



La création est le lieu où se développe toute l’histoire de l’amour entre Dieu et sa créature. Par conséquent, le salut de l’homme est la raison de tout. En contemplant le cosmos dans la perspective de l’histoire du salut, nous sommes amenés à découvrir la position unique et singulière qu’occupe l’homme dans la création : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1, 27). Cela nous permet de reconnaître pleinement les dons précieux reçus du Créateur : la valeur de notre propre corps, le don de la raison, de la liberté et de la conscience.


Nous pouvons contempler la profonde unité entre la création et la nouvelle création et celle de toute l’histoire du salut dans le Christ. En recourant à une image, nous pouvons comparer l’univers à un « livre » – comme le disait également Galilée – le considérant comme « l’oeuvre d’un Auteur qui s’exprime à travers la “ symphonie ” de la création. Au sein de cette symphonie, on trouve, à un certain moment, ce que l’on appellerait en langage musical un “ solo ”, un thème confi é à un seul instrument ou à une voix unique ; et celui-ci est tellement important que la signification de toute l’oeuvre dépend de lui. Ce “ solo ”, c’est Jésus ... Le Fils de l’homme résume en lui la terre et le ciel, la création et le Créateur, la chair et l’Esprit. Il est le centre de l’univers et de l’histoire, parce qu’en lui s’unissent sans se confondre l’Auteur et son oeuvre »


La Parole de Dieu et la sauvegarde de la création
L’engagement dans le monde, que requiert la Parole divine, nous pousse à regarder avec des yeux nouveaux le cosmos tout entier, créé par Dieu et qui porte déjà en lui les traces du Verbe, par lequel tout a été fait (cf. Jn 1, 2). En effet, nous avons aussi, comme Chrétiens et messagers de l’Évangile une responsabilité vis-à-vis de la création. Si, d’un côté, la Révélation nous fait connaître le dessein de Dieu sur le cosmos, de l’autre, elle nous amène aussi à dénoncer les attitudes erronées de l’homme, quand il ne reconnaît pas toutes les choses comme l’empreinte du Créateur, mais comme une simple matière à manipuler sans scrupules. De cette manière, l’homme manque de l’humilité essentielle qui lui permet de reconnaître la création comme un don de Dieu qu’il doit accueillir et utiliser selon son dessein. Au contraire, l’arrogance de l’homme qui vit ‘comme si Dieu n’existait pas’, le porte à exploiter et à défigurer la nature, en ne reconnaissant pas en elle une oeuvre de la Parole créatrice. À partir de cette vision théologique, je désire répéter les affi rmations des Pères synodaux, qui ont rappelé « qu’accueillir la Parole de Dieu témoignée dans l’Écriture Sainte et dans la Tradition vivante de l’Église, engendre une nouvelle manière de voir les choses, en promouvant une authentique écologie, qui plonge sa racine la plus profonde dans l’obéissance de la foi […], en développant une sensibilité théologique renouvelée à la bonté de toutes les choses créées dans le Christ ». L’homme a besoin d’être à nouveau éduqué à l’émerveillement et à reconnaître la beauté authentique qui se manifeste dans les choses créées.

Benoit XVI, dans Verbum Domini, n° 1, 9, 13, 108.

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